UNE COMÉDIE DÉSOPILANTE ET LÉGÈREMENT DÉJANTÉE À NE PAS MANQUER !
L’idée de ce roman a germé dans mon esprit, il y a une dizaine d’années maintenant, autour d’un thé et d’une discussion animée sur le sujet avec Audrey, ma sympathique belle-sœur bretonne. Et, de fil en aiguille, quelque temps plus tard, les premiers jets de Rosie et de son brun ténébreux ont commencé à émerger des abysses de mon cerveau. Aujourd’hui, enfin terminé, j’espère vraiment qu’il saura satisfaire vos attentes. Surtout, mon plus grand souhait : que vous passiez un agréable et sympathique moment de lecture.
J’ai eu un plaisir immense à écrire cette histoire. Elle a eu sur moi un effet thérapeutique dans mes moments difficiles. Vous savez ce que c’est, n’est-ce pas ? La vie peut être dure parfois. Et nous cherchons du réconfort là où nous pouvons. Nous nous y agrippons d’ailleurs ensuite de toutes nos forces, comme l’on s’accroche à une bouée un jour de tempête. Aussi, j’espère sincèrement, chers futurs lecteurs et chères futures lectrices, que cette histoire sera un jour, ne serait-ce que pour quelques secondes, minutes, heures… l’une de vos bouées de sauvetage. Qu’en commençant la lecture, vous reléguerez momentanément vos soucis dans un coin de votre tête et qu’un beau sourire prendra leur place ! Je vous le souhaite du plus profond de mon cœur.
Voici ci-après un extrait du roman…
Chapitre 9
Lorsque l’heure de me rendre au collège se profile à l’horizon, je décide de refaire un passage éclair par la chambre pour me changer. Ne vais quand même pas aller chercher mon fils en tenue « spécial-glandouille ». Ça ferait désordre. Hors de question de foutre la honte à mon fiston. J’enfile donc un jean bleu délavé et un adorable petit pull noir à col montant qui épouse parfaitement mes formes et les valorise. Des petites bottines à talons hauts carrés, noires également, viennent compléter ma tenue.
Puis, je cours dans la salle de bain me brosser les cheveux que je laisse libres. Eux, qui d’ordinaire, surtout quand je travaille, sont la plupart du temps coincés dans un élastique, les pauvres, ça leur fait du bien de s’aérer un peu ! Je me maquille ensuite légèrement, histoire de me redonner des couleurs et meilleure mine, et pare mon cou d’un long collier à perles noires striées de blanc.
Un dernier regard vers le miroir. Parfait ! Je me trouve plutôt jolie comme ça. Très présentable. Suis encore pas mal pour mon âge ! Je souris d’aise à la moi dans le miroir et lui fais un clin d’œil.
Une petite œillade à ma montre m’indique qu’il est déjà 18 h 10. Je vais devoir y aller. Le temps de mettre mon petit manteau court rouge à col montant et double patte de boutonnage acheté hier, de prendre mon sac à main suspendu au porte-manteau et de fermer la porte à clé et c’est parti !
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Lorsque j’atteins le collège Jacques Prévert, il n’est pas tout à fait 18 h 25. Ce qui me laisse amplement le temps de trouver le bureau de la CPE.
C’est la première fois que je suis convoquée (façon de parler !) dans l’antre de la conseillère principale d’éducation ; ma fille a été une élève exemplaire. J’espère que ce sera la première et la dernière fois. Sami a intérêt à se tenir à carreaux à l’avenir.
Mon garçon n’est pas du genre à créer des histoires, il est plutôt du style nonchalant. De plus, il est assez bon élève. Mais il a ce côté explosif qui le rend imprévisible parfois. Il est comme les geysers, les sources d’eau chaude qui fusent du sol par à-coups. L’eau bout brutalement et la pression est telle qu’elle explose. Là, c’est pareil ! Sa colère bouillonne à l’extrême à l’intérieur et lorsque son corps ne peut plus la contenir, elle jaillit hors de lui. On essaie de travailler là-dessus : apprendre à respirer pour se calmer, des séances de relaxation et tout le toutim. Et ça va déjà beaucoup mieux. Toutefois, la partie n’est pas encore totalement gagnée. La preuve ! Pour sa défense, Samuel a dû être soumis à une très grande pression pour qu’il s’emporte de la sorte. L’autre empaffé a dû lui balancer des trucs pas sympas à mon sujet pour qu’il sorte de ses gonds ainsi. J’en mettrais ma main à couper.
Bon, il est où, ce putain de bureau !
Je bous intérieurement. C’est un véritable labyrinthe ici. De plus, ces couloirs sont complètement déserts et silencieux. Ça fout un peu les jetons. C’est quoi déjà le nom du film où des ados se mesurent à des professeurs extraterrestres flippants dans leur lycée (ou collège, je ne sais plus) ? The faculty, je crois. Eh bien, j’ai l’impression que l’un d’eux va soudainement surgir de nulle part et me tomber dessus pour avoir enfreint je ne sais quelle règle et me zigouiller sur place.
Aaaaah !
Je pousse un petit cri intérieur. Je viens d’apercevoir une silhouette tout au fond du couloir que j’arpente. Elle vient de sortir de l’une des classes et glisse d’un pas étrangement lent vers moi. Impossible ! Ce ne peut être ce à quoi je pense ?
Mais non, idiote ! Il va falloir brider un peu cette imagination débordante. Calme-toi, Rosie !
Il fait assez sombre et, pour l’instant, j’ai du mal à distinguer si c’est un homme ou une femme. Ma vue de loin n’est pas des plus excellentes. On est même loin du compte. Suis comme qui dirait astigmate. Personne n’est parfait !
Ce petit moment de surprise passé, je m’estime tout compte fait chanceuse de croiser encore une âme dans ces couloirs monotones et glauques au possible. Penser que mon fils les foule tous les jours de la semaine me fait froid dans le dos. Je vais enfin pouvoir demander mon chemin. Ça fait bien dix minutes que je tourne dans l’enceinte de ce collège et je n’ai pas encore été fichue d’arriver à destination.
Faut le faire, quand même ! Se perdre dans un établissement scolaire ! C’est tout moi, ça. Mais pour plaider ma cause : c’est très mal indiqué. Voire, pas indiqué du tout. Apparemment, les panneaux, ils ne connaissent pas par ici.
Non, en fait, je n’ai aucune excuse ! La personne qui m’a ouvert la grille à l’entrée a gentiment pris la peine de m’expliquer l’itinéraire à suivre et je ne l’ai écouté que d’une oreille distraite. Suis vraiment une crétine parfois ! Irrécupérable !
Tout à mes pensées contradictoires, je continue d’avancer et la silhouette aussi. C’est un homme. Plus aucun doute. Et plus il avance vers moi, plus ma gorge commence à se serrer, ma bouche à s’assécher, et la boule qui s’est formée dans mon ventre, dès l’instant où je l’ai reconnu, à jouer à la corde à sauter avec mes boyaux.
Oh non ! merde, merde, c’est lui ! C’est LUI ! Maximilien Le Guen en personne ! Qu’est-ce que je fais ? Vite ! Un endroit où me cacher !
Transpirant, mes yeux roulent exagérément dans tous les sens cherchant désespérément du regard une échappatoire. N’importe laquelle. Or, je suis coincée. Ce n’est qu’un couloir avec des tas de portes fermées. Et, à moins de devenir invisible, là, tout de suite, ou qu’un portail de téléportation quantique s’ouvre devant moi pour m’emmener ailleurs sur le champ, je n’ai nul autre choix que de l’affronter.
Bon, ben, pour ce qui est de garder l’anonymat, c’est raté, à présent ! je pense, me fustigeant mentalement.
Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?
Pourquoi me suis-je trompée de direction ? Pourquoi n’ai-je aucun sens de l’orientation ? Mais, j’y pense… Pourquoi est-il encore dans les parages, ce Le Guen ? Il devrait déjà être bien au chaud chez lui. Ne m’a-t-il pas assuré qu’il ne serait plus dans l’enceinte de l’établissement à cette heure ? Ce n’est pas beau de mentir, monsieur Le Guen !
N’a -t-il donc aucune vie sociale, ce type ?
Ça y est ! La rencontre est imminente. Encore un peu, encore un peu… Dans : 3, 2, 1, verrouillage !
— Bonsoir ! me lance-t-il à seulement une centaine de mètres de moi.
Il ne semble pas m’avoir encore reconnue.
C’est sûr que sortie du contexte de la boulangerie avec mes cheveux attachés et mon tablier couvert de farine, je ne dois pas ressembler à la même personne habillée de la sorte.
— Madame Leroy ? demande-t-il, tout en continuant d’avancer vers moi.
Je me racle la gorge et réplique d’une voix à peu près normale :
— Bonsoir, monsieur… monsieur Le Guen ? Je m’enquiers, ni vu ni connu, comme si je ne savais pas déjà à qui j’avais affaire.
— Lui-même.
Il accélère le pas, le bras en avant, une main tendue pour me saluer, un grand sourire aux lèvres.
— Enchanté de faire votre connaissance, madame Leroy !
Et là, il se fige. Sa main reste un instant comme suspendue dans les airs et son sourire se transforme en un O d’étonnement.
Eh ben, voilà ! Ça y est ! À voir sa tête, il vient enfin de réaliser. Toutes les pièces du puzzle ont dû s’imbriquer à la bonne place dans son esprit.
Machinalement, et sans pouvoir expliquer pourquoi, je m’empare aussitôt de sa main toujours en équilibre. Ce qui a le mérite de le sortir une seconde de sa transe. Bizarrement, il affiche lui aussi, à présent, une légère ressemblance avec le poisson rouge d’Érin. Ressemblance qui le rendrait presque attachant. Le double effet kiss cool sans doute !
Pourquoi un tel geste ? Peut-être pour tenter de mieux faire passer sa pastille qui a dû, la malheureuse, et vu sa tête, se coincer en travers de sa gorge en découvrant mon identité. (Qu’est-ce que je peux être bienveillante par moments !) Si je ne veux pas que mon Sami ait des problèmes, j’ai plutôt intérêt à la jouer sympathique et courtoise avec lui.
— Moi de même, que je m’entends lui répondre l’air de rien en lui secouant la main, un sourire crispé sur le visage, genre le Joker dans ses mauvais jours.
Tout à coup, la brume dans laquelle il errait se dissipe complètement. Il libère alors sa main de ma poigne, un peu trop brusquement à mon goût, puis baragouine :
— Vous ?! Vous êtes… Vous êtes…
Je suis…
— Vous êtes Rosie ? lâche-t-il enfin. La Rosie de Au bon pain de Gégé ?
— Et la mère de Samuel Lambert. Effectivement, oui. Un problème… ?
Je l’entends déglutir et se dégonfler comme un ballon de baudruche. (Sûrement a-t-il oublié de respirer dès l’instant où il m’a reconnue, je ne vois que ça ?)
De mon côté, je n’en mène pas large non plus. Même si j’affiche une totale désinvolture. Je veux lui montrer (et ce n’est pas vrai, je dois être honnête) que cette rencontre ne me chamboule pas outre mesure.