Je ne lis jamais de romance. Pratiquement toutes mes lectures sont sombres, noir…«noirissime». Des textes où l’on y renifle l’odeur du sang et où l’on ressent les frissons que provoque un meurtre non résolu. Heureusement, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. « Rosie » est une agréable et ravissante exception dans ma bibliothèque.
« Rosie + beau brun ténébreux certifié conforme » est la toute dernière parution de L. Carmen. Et c’est aussi son premier dans le genre romance. Quant à l’univers, c’est simple. Point de velours, ni de vanille, ni prince charmant, ni de voiture de luxe. Une boulangère, un prof de math, un village lambda au fin fond de la France et une histoire d’amour réelle, et maladroite. Une histoire de tous les jours avec des personnages vrais et touchants. Et en toile de fond, une problématique aussi sérieuse et engageante que le TDI (trouble dissociatif de l’identité). Pour finir sur un Twist qui vous oblige à passer en revue tous les détails de cette lecture inoubliable depuis le début.
Carmen ne vend pas du rêve. Elle ne dépeint pas l’amour tel que nous souhaitions le vivre : ridiculement beau et parfait. L’amour est maladroit, toute sa beauté réside dans son imperfection. Les personnages de Carmen son aussi humains qu’imparfaits, elle en fait la preuve une page après l’autre. Dans le monde de « Rosie », l’amour ne se suffit pas à lui-même, il n’existe que par la beauté de l’univers dans lequel il évolue : l’odeur du bon pain, la bonté des gens des villages, l’amitié sincère entre deux femmes, l’acceptation de l’autre quel qu’il soit, la satisfaction du pardon et le réconfort de la bonne foi.
Rosie est impulsive et maladroite dans son roman, et elle l’est encore plus dans le texte de son histoire. Nous ressentons toute son impulsivité quand elle nous la raconte de son point de vue. Elle parle et nous l’écoutons, elle saute du coq à l’âne, elle commence une histoire palpitante, puis nous parle soudain de la pluie, du beau temps et des ragots du village. Puis, nous ne l’écoutons plus, nous n’avons qu’une hâte, qu’elle finisse de nous raconter la toute première histoire qu’elle a commencée. Elle y retourne à cette foutue histoire, mais en plein milieu d’une autre, et ainsi de suite… Carmen nous transporte dans la tête de son protagoniste, une Rosie perdue, partagée, indécise, incomprise, amoureuse ou non, peut-être, pas trop, elle ne sait pas, on ne sait rien. Carmen ne décrit pas son personnage principal, elle la laisse parler, et parler, et parler… Nous la découvrons comme un puzzle à travers ses longs monologues. Et c’est très réussi.
Carmen ne vend pas du rêve, elle raconte une histoire d’amour réaliste et agréable à lire. Cela se reflète dans le style qu’elle a adopté : simple, extrêmement fluide et décomplexée, loin des aberrations poétiques propres aux romances conventionnelles. Pourtant, il s’agit d’une fluidité relative selon le point de vue du personnage. Quand Rosie parle, le récit avance en ondulant, vague après vague. La lecture navigue à l’aveugle dans le tumulte d’un océan agité. Quand c’est notre mystérieux prof de math qui parle, la mer est calme, le ciel est clair, l’histoire avance à rythme régulier. C’est limpide, c’est zen. Son intervention remet les pendules à l’heure et comble les lacunes laissées par l’impulsivité de Rosie. Il rééquilibre le tout, le temps d’un chapitre.
Je l’ai lu quasiment d’une traite en un seul weekend et j’ai savouré chaque instant même si je suis loin d’être un grand amateur du genre. Je remercie sincèrement l’auteure pour cet excellent moment de lecture.
« Rosie + beau brun ténébreux certifié conforme », un livre que je vous conseille vivement de lire. Il est disponible au format broché et numérique sur Amazon Kindle :