Tout d’abord, l’auteure…
Sandrine Alibaud se définit comme le pur produit de la passion familiale pour les jeux vidéo et le cinéma. Elle se définit comme une « Fière amatrice du cinéma fantastique… passionnée par les mondes imaginaires et la magie ». Une grande adepte des fictions, les univers qu’elle crée sont aussi variés que complexes. Elle « navigue entre les rêves et les galaxies, les aventures et les enchantements ».
Le roman…
« La vie de Rita Cairn est un long combat pour la survie. Dotée d’un sombre pouvoir destructeur, elle devient un outil de mort pour servir les plus puissants. À la fois rejetée par son peuple natif, les Mantarsides, et par les hommes qui l’ont exploitée, elle n’écoute plus que son instinct ainsi que ce mot qui martèle son esprit : Sylned.
Comme un principe à respecter, une loi universelle qui détermine son rôle à jouer, quelle que soit sa destinée. Trouver sa place dans l’univers était sa seule mission, elle en a fait une règle à ne surtout pas suivre.
Pourquoi obéir à des principes imposés, quand on peut décider librement de franchir la ligne ? »
Publié le 07 avril 2023, Sylned : V1.0 Supernova est un roman de science-fiction dystopique et cyberpunk. Il s’agit d’une histoire à deux temps, deux lignes temporaires éloignées qui se rejoignent dans la personne de la protagoniste principale « Rita ». J’apprécie de découvrir l’intrigue en parallèle avec l’histoire personnelle de l’héroïne elle-même. Ce parallèle est omniprésent, c’est l’essence même du roman. Sandrine Alibaud en fait la colonne vertébrale sur laquelle se tient son intrigue, et elle se tient parfaitement debout. L’histoire de Rita, l’histoire de son peuple et l’histoire de sa planète évoluent quasiment au même rythme et de manière presque symétrique. Chacune influence le rythme et la vitesse de l’autre, telles les roues internes d’une montre mécanique.
Rita, une anti-héroïne…
L’auteure nous dévoile la psychologie de son personnage, ou plutôt quelques-uns de ses traits principaux, dès le premier chapitre du livre en mettant en avant sa culture du refus, sa colère et son égoïsme. Un cocktail de sentiments hautement inflammables encore plus exacerbés par sa situation d’étrangère dans une société qui lui est hostile. Elle n’hésitera pas à vendre ses compagnons de route à la même entité supérieure qui l’a tant oppressé, pour se tirer d’affaire et continuer à manifester sa colère par des actions de sabotage à son encontre, des actions souvent lucratives. Quand Rita se drogue, elle le fait en plongeant dans son propre passé. Elle se consume en consommant les moments les plus douloureux de son existence. Elle rumine à la fois sa douleur et sa colère.
La résistance comme principe…
L’idée première que traite ce roman c’est la résistance. Pas d’un peuple, pas d’un groupe, mais d’une seule personne, Rita, la Mantarside. Le concept même de « résistance » se construit dans l’œuvre telle une pyramide à l’envers. Il s’agit de la « résistance de Rita ». Elle a perdu sa famille, son peuple et sa planète. L’on a effacé sa culture, ses traditions et l’on exige d’elle de s’intégrer dans une société à laquelle elle ne s’identifiera jamais. On lui fait la faveur de tolérer sa présence, on lui offre généreusement l’absolution d’un crime odieux, celui d’exister. Mais, on lui coupe quand même les ailes.
Comme je l’ai évoqué au début de cette critique, l’idée de la résistance se construit en deux temps. D’abord psychologique dans le passé, l’enfance même de Rita est un tableau monochrome d’une justice à doubles mesures qu’elle se remémore à l’aide de multiple flash-backs savamment implantés dans le corps du récit. Et ensuite, une Rita adulte dont la violence innée terrifie tous ceux qui se dressent sur son passage ou qui ont le malheur de la côtoyer. Cette violence représente parfaitement la vie cabossée de la Mantarside. Rita est dans une prison intérieure, prise au piège entre le désir éreintant de se sentir chez soi, sur sa propre planète, et la fatigue constante de devoir s’adapter aux mœurs de ceux qui s’en sont emparés. Quand une cause collective est perdue, toute quête personnelle est une lueur d’espoir. Les principes mêmes qui la motivent, tels que Sylned, ne sont que les derniers vestiges d’une civilisation déchue. S’y accrocher c’est maintenir un lien, aussi ambigu soit-il, avec ses origines et son peuple. Quelles qu’en soient les conséquences.
J’ai vraiment apprécié cette lecture, son réalisme « imaginaire », sa violence et ses nombreux rebondissements. J’ai hâte de me plonger dans la suite.