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9 Conseils d’Écriture à Ne Jamais Suivre
- 21 octobre 2025
- Publié par : Daly
- Catégorie : Ressources
Lorsqu’on annonce qu’on écrit un livre, une vague de conseils non sollicités s’abat souvent sur nous, comme si chaque individu avait une recette secrète pour devenir l’écrivain ultime. Peu importe si l’on est un auteur aguerri ou un novice en quête de son premier roman, cette avalanche de recommandations peut rapidement devenir accablante. Parmi ces suggestions, certaines semblent évidentes, d’autres paraissent sages à première vue, mais elles n’en demeurent pas moins contre-productives pour le processus créatif. Loin de favoriser l’écriture, ces conseils peuvent nous enfermer dans des règles rigides et limitantes. Dans cet article, nous allons déconstruire 9 conseils d’écriture courants qui, loin de nourrir notre art, risquent de nous freiner. Parce qu’écrire, c’est avant tout se libérer des carcans imposés, et non les intégrer.
Écrire ce que l’on connaît
L’idée de n’écrire que ce que l’on connaît, bien que souvent citée par des auteurs chevronnés, peut être dangereusement limitante. Bien sûr, il est naturel d’incorporer ses propres expériences dans son écriture — celles-ci nourrissent la sincérité et l’émotion des récits. Cependant, le monde de la fiction est bien plus vaste que le seul champ des expériences personnelles. À une époque où l’information est à portée de clic, se restreindre à ses seules connaissances ne fait plus sens. La recherche, qu’elle soit historique, scientifique ou culturelle, offre un univers d’opportunités à explorer. Elle permet de s’imprégner de réalités lointaines, de plonger dans des atmosphères inaccessibles, et d’incarner des personnages et des lieux auxquels on n’aurait jamais eu accès autrement.
L’écriture, loin de se limiter à ce qu’on a vécu, se nourrit de ce que l’on imagine, de ce que l’on découvre, de ce que l’on ressent au contact des autres et de l’extérieur. Grâce à l’Internet, les livres, les documentaires et les échanges, les écrivains peuvent élargir leurs horizons et enrichir leur œuvre de perspectives nouvelles. Par exemple, un auteur qui écrit sur une époque historique ou une culture qu’il n’a jamais vécues peut pourtant, à travers un travail d’immersion et de recherche minutieuse, apporter une authenticité qui dépasse les frontières de sa propre expérience. Loin de faire de l’écriture un exercice d’autocritique ou de restitution personnelle, cela transforme le processus en une exploration infinie des possibles, en une quête qui dépasse le vécu pour embrasser l’imaginaire collectif.
Écrire ce que l’on connaît, si cela peut être un bon point de départ, ne doit en aucun cas devenir une règle. L’écriture est une aventure qui commence là où l’on ose sortir de ses propres sentiers battus, là où l’on choisit de se réinventer à travers les vies et les mondes que l’on crée.
Écrire tous les jours
L’idée que l’on doit écrire tous les jours est perçue comme un impératif absolu pour tout auteur sérieux. Certes, la régularité peut aider à structurer la pratique et à maintenir une certaine discipline. Cependant, cette pression à l’écriture quotidienne peut paradoxalement étouffer la créativité. L’esprit humain a besoin de temps pour se ressourcer, pour digérer ce qu’il a vécu, appris et créé. L’écriture, loin d’être une mécanique que l’on actionne sans cesse, est aussi une forme d’alchimie, un processus qui demande du temps, du recul et des pauses.
Prenez le temps de vous éloigner de la page. Parfois, la meilleure chose que vous puissiez faire pour nourrir votre travail, c’est de lui accorder une pause. L’inspiration ne se force pas, elle se laisse venir au moment où l’on s’y attend le moins, souvent dans les moments de détente ou de réflexion tranquille. Que ce soit en faisant une promenade, en discutant avec des amis ou simplement en observant le monde autour de vous, ces instants permettent à l’esprit de se libérer des contraintes de la page blanche.
Ce n’est pas un échec de ne pas écrire tous les jours. Au contraire, cela peut être un acte de respect envers votre propre processus créatif. L’écriture est une aventure intérieure, et parfois, pour avancer, il faut savoir se retirer, prendre du temps pour réfléchir, respirer et laisser le temps faire son œuvre. C’est en prenant ce recul que vous permettez à vos idées de mûrir, de se clarifier et de trouver leur véritable forme. Alors, n’ayez pas peur de vous détacher du rythme quotidien : votre créativité vous en remerciera.
Ne jamais lire dans le genre que l’on écrit
L’idée de ne pas lire dans le genre que l’on écrit est un conseil que beaucoup d’auteurs considèrent comme sage, par crainte de « s’influencer » ou de perdre leur propre voix. Cependant, cet argument, bien que compréhensible, sous-estime le véritable pouvoir de la lecture comme outil créatif. En réalité, lire dans le genre que l’on écrit peut-être une source inestimable d’inspiration et d’enrichissement.
Loin de rendre l’écrivain servile à une formule toute faite, lire des œuvres similaires permet d’explorer des approches narratives, des structures de personnages, et des dynamiques de récit qui peuvent nourrir et affiner son propre travail. La lecture dans son propre genre offre une occasion unique d’analyser les codes et les conventions en place, tout en permettant d’y apporter sa touche personnelle. Plutôt que d’enfermer l’écrivain dans un carcan, cette immersion renforce sa compréhension des attentes du lecteur et lui permet de subvertir ces attentes avec subtilité.
De plus, lire des œuvres dans le même genre peut stimuler l’imaginaire en proposant de nouvelles idées, de nouveaux angles, et des thèmes inexplorés. Que vous soyez en train d’écrire un thriller, une romance, ou un roman de science-fiction, s’immerger dans ces univers parallèles, tout en prenant soin de ne pas simplement reproduire ce qu’on lit, peut-être une manière d’élargir les horizons de sa propre création. Cela permet également de constater ce qui a déjà été accompli, ce qui fonctionne, et de proposer des solutions originales et innovantes.
Finalement, lire dans son genre n’est pas un acte d’imitation, mais un dialogue avec d’autres écrivains et leurs univers. C’est un moyen de nourrir sa propre vision, de la confronter à d’autres perspectives et de l’enrichir pour créer quelque chose d’authentique et de personnel. Ne vous privez donc pas de cette ressource précieuse qui peut transformer votre propre écriture.

Ne jamais utiliser de clichés
L’idée de bannir complètement les clichés de son écriture est un conseil que l’on entend souvent, mais c’est parfois un peu trop rigide et parfois contre-productif. Il est vrai que les clichés peuvent rendre un texte paresseux et prévisible, surtout dans la narration ou la description. Toutefois, dans le contexte du dialogue, leur utilisation, loin d’être une faiblesse, peut en réalité offrir une richesse particulière et renforcer l’authenticité des personnages.
Les clichés, en tant qu’expressions familières, sont utilisés dans la conversation courante pour exprimer rapidement une idée ou une émotion de manière compréhensible et accessible. Lorsqu’un personnage parle, il peut naturellement se tourner vers ces formules connues, car elles correspondent à des schémas de pensée partagés. Leur présence dans un dialogue peut donc donner une sensation de réalisme, de familiarité, et même de légèreté. Un personnage qui utilise des clichés peut également donner une indication de son caractère, de son âge, de son milieu social, ou de son état d’esprit. Par exemple, un personnage qui utilise des expressions telles que « faire d’une pierre deux coups » ou « il n’y a pas de fumée sans feu » montre qu’il s’ancre dans un certain registre de langage.
Cependant, comme pour tout élément stylistique, l’usage des clichés doit être réfléchi. Leur pouvoir réside dans leur capacité à être subvertis ou à être employés avec parcimonie. Dans un dialogue, un cliché peut être utilisé à bon escient pour souligner un moment de dérision, de frustration ou de sarcasme. C’est aussi un moyen de jouer avec la perception du lecteur : un personnage qui s’en empare de manière excessive peut être perçu comme un peu décalé, limité dans sa pensée, ou même un peu comique. Un cliché bien placé peut ainsi apporter de la texture, de la dimension, et enrichir les interactions entre les personnages.
Il ne s’agit donc pas d’éviter les clichés à tout prix, mais de les utiliser avec discernement. Un cliché peut se transformer en un puissant outil narratif lorsqu’il sert un but précis et qu’il est placé au moment opportun. En ce sens, il ne faut pas craindre de les employer, mais les manipuler avec subtilité pour en faire des instruments au service de l’histoire et de l’univers que l’on construit.
Ne jamais utiliser le verbe « être »
Éviter le verbe « être » à tout prix peut sembler judicieux à première vue, surtout quand il est question d’optimiser l’énergie et la fluidité d’une écriture. Cependant, il est important de nuancer cette approche. Le verbe « être » n’est pas nécessairement un adversaire de l’écriture vivante. Ce qui est problématique, c’est son utilisation excessive dans des constructions passives ou redondantes qui alourdissent la prose et nuisent à l’impact de la narration.
Dans l’écriture narrative, le verbe « être » peut parfois apparaître sous forme de construction passive, comme dans « Il était l’objet de l’affection de tous. » Cette structure peut rendre l’action floue et manquer de puissance. En revanche, une phrase telle que « Tout le monde l’aimait « est plus directe, plus active, et crée une image plus vivante dans l’esprit du lecteur. La différence réside dans l’engagement du sujet dans l’action. La voix active (ou le passé simple, comme « il marcha ») dynamise l’écriture en plaçant le personnage au cœur de l’action, ce qui rend le récit plus immersif.
Toutefois, il est crucial de ne pas exclure le verbe « être » de son écriture. Il a une place, notamment lorsqu’il s’agit de marquer des états, des conditions ou des transitions. Le verbe « être » peut également jouer un rôle fondamental dans la création de scènes introspectives ou philosophiques, en apportant une profondeur et une densité à certains moments de l’histoire. Par exemple, des phrases comme « Elle était perdue dans ses pensées » ou « Il était seul dans la pièce « peuvent servir à traduire des émotions ou des atmosphères spécifiques qui, si elles étaient formulées autrement, risqueraient de perdre leur nuance.
En définitive, le véritable défi pour l’écrivain n’est pas d’interdire l’utilisation du verbe « être », mais de l’employer de manière stratégique en favorisant la voix active et en évitant les constructions passives superflues. Le choix entre la voix active et passive, entre le passé simple et les constructions avec « être », doit être guidé par l’intention de l’auteur : transmettre l’action de manière immédiate ou poser un état, selon les besoins de la narration. Cela permet de trouver le juste équilibre entre dynamique et fluidité.
Toujours faire un plan avant d’écrire : La différence entre les écrivains « planificateurs » et « intuitifs »
L’un des conseils les plus souvent donnés aux auteurs débutants est celui de toujours préparer un plan détaillé avant de se lancer dans l’écriture. Bien qu’un plan puisse être utile pour structurer un récit et maintenir une certaine direction, ce conseil n’est pas une règle universelle. En effet, chaque écrivain a une approche différente, et il est tout à fait possible de créer une œuvre puissante sans une feuille de route précise.
Les écrivains dits « planificateurs » aiment avoir une vue d’ensemble de leur histoire avant même de commencer à écrire. Pour eux, établir un plan détaillé est un gage de sécurité : chaque événement, chaque scène est soigneusement réfléchie et intégrée dans une structure rigoureuse. Cette méthode offre un cadre solide qui peut faciliter la gestion des arcs narratifs et éviter les incohérences dans l’intrigue. Pour les auteurs qui aiment se sentir en contrôle de leur processus créatif, le plan peut agir comme un guide de navigation dans l’océan tumultueux de la création littéraire.
D’un autre côté, les écrivains « intuitifs » préfèrent se laisser porter par le flux de leur imagination, écrivant sans savoir exactement où ils vont. Cette approche, qui repose sur l’improvisation et la découverte au fur et à mesure, permet une grande liberté créative. L’intrigue et les personnages se forment à mesure que l’écriture progresse, et l’auteur peut s’adapter aux idées qui surgissent spontanément. Pour ces écrivains, le plaisir réside dans la surprise et la liberté de ne pas être limité par un plan préalable. Cette méthode peut parfois aboutir à des découvertes inattendues qui enrichissent l’histoire de manière originale.
Cependant, il n’y a pas de méthode unique. Certains auteurs trouvent que leur approche évolue au fil du temps, alternant entre une planification stricte pour certaines parties de l’histoire et une écriture plus libre pour d’autres. Le véritable défi est de comprendre ce qui fonctionne le mieux pour soi, en étant attentif à ses besoins créatifs à chaque étape du processus. Il n’y a ni bonne ni mauvaise méthode, seulement celle qui permet à l’écrivain de donner vie à ses idées avec authenticité et passion.
En définitive, qu’il s’agisse de planifier chaque détail ou de suivre son intuition, l’essentiel est de rester fidèle à son propre processus d’écriture. Il n’y a pas de règles strictes, mais des outils différents pour servir des objectifs créatifs variés. Ce qui compte, c’est de trouver l’équilibre qui permet à l’histoire de prendre forme de manière cohérente et engageante.
Les vrais écrivains n’ont pas besoin de réécrire
L’idée que les écrivains talentueux produisent des manuscrits parfaits du premier coup est une notion erronée qui persiste dans le milieu littéraire. Cette croyance veut que les grands auteurs n’aient qu’à poser leurs idées sur le papier pour que tout soit déjà en place, comme si la magie de l’écriture se produisait instantanément. En réalité, l’écriture est un processus itératif, et la réécriture en fait partie intégrante. La première version d’un texte n’est qu’un point de départ, une ébauche qui nécessitera sans doute des ajustements, des coupes et des améliorations avant d’atteindre sa forme définitive.
Les révisions ne sont pas un signe d’échec, mais au contraire un marqueur de l’engagement de l’écrivain dans la création d’un texte de qualité. Même les écrivains les plus accomplis, ceux dont les œuvres semblent parfaites à l’œil du lecteur, passent par des étapes de réécriture. Cela fait partie du travail créatif : il faut souvent défaire, réorganiser et réinventer pour que le texte trouve sa véritable voix. Une première version peut contenir des idées intéressantes, mais il est rare qu’elle soit complètement fluide ou cohérente. Les réécritures permettent de renforcer la structure, d’affiner les personnages, et d’ajuster les dialogues. Elles offrent aussi l’opportunité d’améliorer le rythme, de corriger les incohérences et d’approfondir les thèmes.
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