À vrai dire, cette question tourna un moment dans mon esprit avant de prendre une décision. Finalement, et comme une évidence, je choisis l’option du pseudonyme. Losan Charo était né !
Alors, pourquoi un pseudonyme ?
Non pas parce qu’il s’agit d’une chose fréquente dans le milieu littéraire ou artistique, ni parce que je suis un résistant contraint de cacher mon véritable nom, ni même parce que je serais une femme d’un autre temps, obligée de choisir un nom masculin pour accéder à l’édition…
Si ce n’est pas tout ça, alors pourquoi utiliser un pseudonyme de nos jours ?
- Par peur,
- timidité,
- modestie,
- propos non assumés,
- un nom imprononçable…
- ou tout simplement pour le fun ?
Le choix du pseudonyme peut être une bonne option pour plusieurs raisons
L’armure
Avoir une armure, un bouclier afin d’éviter les coups peut sembler séduisant, voire nécessaire si l’on juge sa personnalité un peu trop sensible à l’exercice des critiques. Le pseudonyme encaissera alors une partie des coups, laissant son porteur sain et sauf. Est-ce fuir la réalité ? Ou du moins une certaine forme de réalité ? À chacun sa propre réponse…
Le nom de scène
Avoir un nom d’artiste est un choix explicable dans le sens où l’on met une barrière entre une vie et une autre. Une façon d’exprimer une partie de ce que l’on est sans débordement dans la vie de tous les jours. Une façon professionnelle de jouer un personnage. Ne jouons-nous tous pas un rôle dans nos boulots ? Nous avons tous plusieurs casquettes à notre actif dans nos vies. Avoir un nom d’artiste serait alors l’expression de ceci, comme différents surnoms, à l’exception que celui-ci est mûrement choisi.
L’anonymat
Balancer tout un tas de choses sans avoir à en subir les conséquences, dire tout un tas de saloperies sans trop faire attention, vider son sac, exprimer ses pulsions, ses désirs inavouables sous couvert de l’anonymat, c’est tentant non ? Sans parler de la vie privée. L’anonymat permet de garder ses petits secrets et de vivre sereinement. Nos proches, nos collègues, n’ont pas à connaître toutes nos activités si ?
La grosse tête
Parmi toutes les raisons qu’on peut trouver à faire le choix d’un pseudonyme, il y a forcément celles liées à l’égo. Parce que c’est classe, parce que ça en jette, parce que cet homme, cette femme, c’est moi ! Sympa non ?!
L’image de marque
Le pseudonyme peut aussi être utilisé à des fins commerciales. Un nom qui plait au plus grand nombre ou du moins à la cible visée, un nom qui cache en réalité tout un collectif, un nom percutant, simple à retenir ou original, sont autant de raisons de faire le choix d’un pseudonyme.
Pour ma part, la principale raison est de pouvoir prendre de la hauteur, une certaine distance avec mes créations.
Eh oui, Losan Charo n’est pas vraiment moi ! À mes yeux, c’est un personnage à part entière. Il a sa propre personnalité. Mais il n’est pas non plus un personnage de roman, il ne diffère pas vraiment de moi. Il serait plutôt comme l’expression d’une facette de ma personnalité, comme un artiste a son nom de scène…
Quelques citations pour finir en beauté !
Lorsqu’un homme se masque ou se revêt d’un pseudonyme, nous nous sentons défiés. Cet homme se refuse à nous. Et en revanche nous voulons savoir. (L’oeil vivant de Jean Starobinski)
Le hasard, c’est peut-être le pseudonyme de Dieu quand il ne veut pas signer. (La Croix de Berny, Edgar de Meilhan de Théophile Gautier)
Vie, pseudonyme de Dieu. (Le livre des leurres d’Émile Cioran)
Lancer un lynchage médiatique est plus facile que de faire décoller un buzz positif. Elle prétend qu’elle sait faire les deux, mais l’époque plébiscite la brutalité. Celui qui défonce est celui qu’on écoute – il faut toujours prendre un pseudonyme mâle pour malmener quelqu’un. Le seul son qui apaise les forcenés qui hantent les couloirs du Web, c’est celui du maton qui broie les os d’un codétenu. (Vernon Subutex de Viginie Despentes)
Tout homme de lettres devrait prendre un pseudonyme pour déshériter sa famille de son nom. (Journal tome 1 des frères Goncourt)
Bref, vive les pseudos !
Comme je suis un grand curieux, si jamais, toi, derrière l’écran, tu es parvenu jusqu’ici et que tu as envie de partager ton avis sur la question, je suis preneur !
