Quels sont les romans qui ont, de près ou de loin, influencé, inspiré, mes écrits ? Les romans que j’ai tout simplement trouvé tellement fabuleux que j’ai eu envie de vous vanter leurs qualités ici.
TOUT LE BLEU DU CIEL de Mélissa Da Costa
Voici un roman que j’ai découvert dernièrement. Pour tout vous dire, il a eu sur moi un certain effet thérapeutique durant ma lecture et bien après. Et je pèse mes mots quand je dis cela. Je l’ai lu alors que je vivais depuis quelques mois des instants particulièrement difficiles dans ma vie et il a été pour moi une véritable révélation. Un pansement sur mes plaies. Un baume réparateur…
« Poésie » est le premier mot qui m’est venu pour qualifier cette œuvre. « Humanité » a été le deuxième. « délicatesse » le troisième. « Optimiste » le quatrième. Puis, « bouleversant », « hymne à la vie et à la nature », « époustouflant de beauté », « voyage initiatique »…
Si certains romans pouvaient être remboursés par la Sécurité Sociale, celui-ci le serait à coup sûr à cent pour cent. Je ne connaissais pas du tout cette auteure. Et j’ai définitivement été embarquée par son écriture fluide, sensible et si touchante d’authenticité, d’humanité ! Je n’ai donc pas pu faire autrement que me procurer ces autres écrits, qui sont tout aussi bons. Je retiendrai surtout ici en seconde position pour moi (ce n’est que mon avis personnel, bien entendu) la duologie « Je revenais des autres » et « Les douleurs fantômes » que j’ai dévoré et que j’ai trouvé tout aussi excellents que « Tout le bleu du ciel » dont je vais vous parler ci-après.
Mais avant, une courte biographie de cette écrivaine de talent
Écrivaine française de 30 ans, née à Limoges, d’une mère assistante maternelle et d’un père travaillant dans le bâtiment, Mélissa Da Costa a été chargée de communication dans une mairie et a exercé divers autres métiers avant de se consacrer pleinement à l’écriture, pour laquelle elle a toujours voué une véritable passion. Son premier roman « Tout le bleu du ciel », publié en 2018, a rencontré un franc succès et a été acclamé par le public et la critique pour son humanité, sa sensibilité, l’optimisme qu’il dégage malgré la gravité des sujets traités. On y suit Émile, un jeune homme de 26 ans atteint d’une maladie incurable qui décide de réaliser ses rêves les plus fous avant de mourir.
Mélissa a également écrit, « Les lendemains » sorti en 2020, « Je revenais des autres » en 2021, « Les douleurs fantômes » en 2022, « La doublure » en 2022 également, et « Les femmes du bout du monde » en 2023. En 2023, l’écrivaine a aussi sorti « La faiseuse d’étoiles » dont les droits sont entièrement reversés à l’UNICEF.
Dans la plupart de ses œuvres, Mélissa Da Costa explore des thèmes tels que l’amour, l’amitié, la quête de soi, la force de la vie, la résilience… Entre autres. Elle a su s’imposer, touchant les lecteurs en plein cœur, avec son style d’écriture fluide et d’une sensibilité remarquable.
Tout comme « Tout le bleu du ciel » dont je vous mettrai deux petits extraits ci-dessous, ses autres romans ont aussi rencontré un vif succès.
On suit donc l’histoire d’Émile, un jeune homme de 26 ans atteint d’une maladie incurable. Ce dernier décide de ne pas se faire hospitaliser et préfère partir en camping-car à l’aventure pour réaliser ses rêves les plus fous avant de mourir. Périple qu’il va mener avec Joanne, une jeune femme de 29 ans, vêtue de noir de la tête aux pieds, récupérée sur le parking d’une aire d’autoroute.
Ce roman explore des thèmes tels que la souffrance, la résilience, le courage, la quête de soi, la reconstruction, la force de l’amitié et de l’amour, la capacité à trouver de la beauté même dans les moments les plus sombres de la vie…
Au cours de leur périple, Émile et Joanne vont s’épauler mutuellement. Ils vont également rencontrer des personnes qui les pousseront à reconsidérer leur vision de la vie.
Durant leur voyage, cette quête de sens va aussi les rapprocher de la nature, les menant au travers de somptueux sites et paysages français.
Tout le bleu du ciel est un roman poignant d’une extrême sensibilité et d’une très grande force également. Sa force étant que, bien que les sujets traités soient particulièrement graves, il est empreint d’espoir et d’un profond optimisme. Et c’est ce qui en fait toute sa beauté justement. Tout cela, rédigé d’une main experte par la plume fluide, sensible et poétique de Mélissa Da Costa.
Un véritable bijou ce roman !
TOUT LE BLEU DU CIEL (Extraits)
Extrait 1 :
24 juillet
Renaud,
Une nouvelle étape sur notre chemin. Cet après-midi nous quitterons Mosset pour un village nommé Eus.
Ce voyage est serein. Je ne m’attendais pas à trouver autant de sérénité et de paix intérieure dans une déambulation sans but. Tu ne me reconnaîtrais pas ! D’ailleurs, regarde comme je parle ! « paix intérieure » ! Joanne doit me taper sur le système, définitivement !
Pourtant, tu vois, je trouve du plaisir rien qu’en restant assis, rien qu’en regardant les étoiles ou la course des nuages, rien qu’en m’allongeant à l’ombre des arbres. J’ai même pris du plaisir à me lancer dans la confection d’une gelée de lavande pour faire plaisir à Joanne ! Le pot refroidit, la gelée a l’air plutôt réussie. Tu vois, je me transforme. En mieux je crois… Je te laisse juger
Je me surprends à trouver du plaisir dans des choses insignifiantes, dans des gestes bateau du quotidien. Mais ça n’est pas vraiment l’objet de ma lettre. Non, l’objet de ma lettre, c’est une grande nouvelle que je dois t’annoncer : je vais me marier Renaud.
Ne saute pas de joie. Ça n’est pas une blague mais ça n’est pas non plus exactement ce que tu crois. Il ne s’agit pas de mariage comme celui que tu as connu avec laëtitia… C’est une idée de Joanne. Elle est prête à faire ça pour pouvoir devenir ma responsable légale en cas d’hospitalisation ou de décision importante à prendre. Elle fait ça pour m’empêcher de finir en centre. Je pense que c’est justement parce qu’elle ne m’aime pas, qu’elle saura prendre les bonnes décisions.
On va entrer dans les préparatifs du mariage mais il ne s’agira pas de choisir le traiteur, d’essayer des costumes ou de louer une superbe voiture d’époque pour arriver à l’église. Non. Il s’agira seulement d’une tâche administrative un peu pénible, qu’on sera bien soulagés d’avoir réglée.
Tu te rappelles le jour de ton mariage, on avait du mal à croire que c’était bien toi, ce gars en costume, que c’était à toi que ça arrivait. Tu m’avais dit une phrase qui ressemblait à « le gamin que j’étais ne m’aurait jamais cru si je lui avais dit qu’un jour, il serait là ». Tu ne pensais pas te trouver un jour devant l’autel aux côtés d’une Laëtitia. Tu n’as jamais cru qu’un jour, ta vie ressemblerait à ça.
Eh bien ça me fait un peu la même impression mais différemment. Quand j’étais gosse et que je m’imaginais en marié, c’était un joli mariage que je voyais : une église en pierre, une jolie brune en robe blanche, des convives, la fête. Jamais je n’aurais cru que ça ressemblait à ça : des photocopies de papiers officiels à réunir et la hâte d’en finir. Je ne pensais pas que la mariée aurait déjà un amoureux, qu’il l’attendrait, quelque part, près de Saint-Malo.
Mais bon… Il faut croire que la vie nous réserve des surprises. Ce voyage par exemple, et cette sérénité, c’est une bonne surprise ça…
Renaud, je vais maintenant devoir te laisser. Joanne est prête. Nous allons pouvoir reprendre la route. Je te donnerai des nouvelles dès que nous serons installés à Eus.
Je t’embrasse. Je pense bien fort à vous.
Émile
Extrait 2 :
…Émile acquiesce, muet. C’est un instant fragile. Il ne veut pas le gâcher.
« Peut-être que je rentrerai un jour. Peut-être pas. Si je rentre… je crois qu’il me faudra des années. »
Il acquiesce de nouveau. Ils n’ajoutent rien de plus, ni l’un ni l’autre. Ils restent immobiles, les yeux fixés sur la lune qui reflète à la surface du lac. Il a fait quelque chose d’impardonnable. Je suis partie car je ne peux plus vivre auprès de lui. Effectivement, c’est tout ce qu’il a besoin de savoir.
Leur discussion de la veille a apporté un peu de douceur. Cette nuit ils ont dormi côte à côte dans la tente. Jusqu’à maintenant, Joanne s’installait dehors. Elle disait qu’elle préférerait dormir à la belle étoile, qu’elle n’aimait pas avoir un toit au-dessus d’elle. Elle disait sûrement vrai mais il n’y avait pas que ça. La preuve, cette nuit elle a dormi à ses côtés.
Ils prennent leur petit déjeuner en regardant le soleil illuminer tout le paysage. Les sommets blancs. Le lac qui s’étend à perte de vue. Les premiers scintillements du jour sur l’eau. Les lueurs rose orangé du matin. Les cailloux ronds et lisses. C’est une scène surréaliste. Il n’y a pas un bruit hormis le chant des oiseaux et le son de la brise dans les arbres. Les paysages étaient comme un archet qui jouait sur mon âme. Émile songe aux confidences de Joanne la veille. Quelque chose d’impardonnable. Cela semble être plus grave qu’une tromperie. Cela semble être vraiment grave. Joanne est toujours mesurée dans ses propos. Joanne ne se choque pas de grand-chose. Pas même de la mort. Elle considère que beaucoup de malheurs font partie de la vie. Elle prend tout avec philosophie. Qu’est-ce qu’il a pu faire ? Est-ce que cela pourrait avoir un rapport avec son père ? Il semble avoir été vraiment important. Émile continue de réfléchir en la regardant manger. Il se demande pourquoi elle ne se met jamais en colère. Au téléphone, quand il l’a entendue parler avec Léon, elle ne criait pas. Elle restait calme. Pourtant il a fait quelque chose d’impardonnable. Quelque chose qui l’oblige à fuir pendant des années…
« On repart ce matin ? » demande Joanne en relevant le nez de son bol.
Il termine d’avaler son pain avant de lui répondre.
« Oui… Qu’est-ce que tu en penses ?
— Ça me va.
— On se prépare et on plie la tente ?
— Oui. »
Émile… Émile, est-ce que vous m’entendez ? »
Bip. Bip. Bip. C’est un son régulier et assez agréable. Comme une respiration. Ou un battement de cœur. Sauf que c’est un bip. Il y a des mouvements à gauche. Un tissu qui se froisse. Des voix qui paraissent lointaines ou qui chuchotent.